• ENGLISH VERSION
  • Un message limpide

    Juillet 2020

    L’absence de communication, si triste et courante aujourd’hui, n’est pas une fatalité. La compréhension peut encore forger un lien solide, et relier les personnes. Échanger nos idées, nos observations, évoque le même besoin - impérieux – de partager un beau paysage. La sobre satisfaction d’une parole qui fait mouche. La joie profonde des attentes qui se rencontrent. Nous sommes bien tristes quand l’incompréhension nous sépare et que les mots tombent à plat. Quels sont donc nos travers, pour que nos conversations échouent ?

    Mots

    Cela doit démarrer par les mots. Simples et porteurs de sens. Des mots sans artifice. Rapidement suivis par des phrases aérées. Lumineuses. Des termes que « l’autre » connait, qu’il utilise. Qui possèdent déjà – pour lui - un poids, une histoire. N’ayons pas peur des mots simples, de la parole identifiable. Votre interlocuteur possède des idées à revendre. Piochez donc librement dans le sac - immense – de ses connaissances. Comprendre - et être compris - demande de s’approcher, de refuser la séparation.

    Pourtant nous employons des mots compliqués, « intelligents » ou subtils. Une pénible habitude qui nous sépare plus encore. Une lourde érudition, qui grandit avec le niveau d’étude, et nous étouffe peu à peu. Notre jargon si précis, si juste, nous sépare. Nous isole. Quelle manie étrange d’user de mots qui n’ont de sens que pour une poignée, quelques-uns. Seulement nous. Renonçons aux tournures déformées, acceptons les phrases simples : sujet, verbe et parfois complément. C’est une question de qualité. Un beau point de départ, qui ouvre la porte de l’efficace.

    Usage

    Car comment transmettre une idée, expliquer un plan, transmettre une consigne.. lorsque nos idées sont déformées ? Une conversation est-elle utile, quand elle est confuse ? Séparée ? Il nous faut un lien pur pour transmettre – enfin - nos messages. Soudain la connexion - comme un échange entre amis - devient naturelle. Immédiate. Elle produit plus de résultat, par son absence d’effort, que des mois d’allers-retours et de peine. C’est la fin de la frustration, de l’incompréhension, du raté. Cette claire mise en commun évite les « trop tard » et les coûteuses disputes. Faisons attention aux mots, à la simplicité, supprimons à la fois le problème et le besoin de résoudre. Cessons donc de créer le conflit, il n’y aura plus à lutter.

    Ces liens – renforcés – tisseront la confiance. Votre attention à l’autre en posera les bases. Employez ses mots, usez de ses idées, et démontrez ainsi votre respect de son identité. La confiance est une garantie, un pilier. Le passé de l’autre est la clé de vos rapports futurs. Quel incroyable impact a sur nous une simple phrase, lorsqu'elle s'appuie sur nos mots chéris et sur nos convictions.

    Divergence

    Et même si l’autre ne partage pas vos vues, votre idée sublime. Peut-il réellement vous rejoindre sans en voir le chemin ? Peut-il en quelques secondes, décider tout puissant, de franchir en un bond les hautes marches de votre connaissance? Vous devrez – sans doute - l’accompagner non pas de l’arrivée mais bien du départ, et pour cela redescendre les étages. Vous cultiverez alors l’Écoute, la toute puissante Attention. Non pas la couche de vernis, qui sauve les apparences. Mais ce trésor d’ouverture et de richesse, qui ouvre les portes de l’autre, de son monde, de sa conscience. Cette faculté, légère comme le ciel, qui vous renseigne et vous enrichit. Qui en un instant crée un lien, forge un pont. Développez enfin une vision nette de ce qui compte aujourd’hui. Pour lui. Pour vous.

    Car l’erreur c’est le raccourci. La tyrannique finalité. Nous présentons nos idées sans considérer l’autre, ses intentions, ses premiers pas. Mal se comprendre est donc bien une erreur, un choix de soi, plutôt que l’autre. Comment éviter la séparation, quand on refuse de s’approcher ?

    Question

    Par bonheur cette compréhension nous éclaire et nous montre une voie nouvelle dans nos relations. L’important est avant le message. Observer, comprendre. Et enfin parler. Peu. Car que reste-t-il à dire ? Le secret n’est pas caché dans vos mots – il réside dans ceux des autres. Nous avons trop de réponses alors qu’il nous faut des questions. « Qui es-tu ? » que je puisse te parler. « Que cherches-tu ? » pour que je puisse t’aider. Faisons preuve d’humilité, mais aussi de lucidité. Lorsque je sais, je suis aveugle. Mon idée se dresse entre nous. Laissons-là un temps de côté. Pour nous et pour l’autre.

    Mais que se passera-t-il quand tomberont les barrières de cette relation - symétrique - que l’on appelle un échange ? Quand le lien sera pur, simple et fort ? Nous cesserons de résister, et entrerons dans le partage. L’autre pourra enfin nous expliquer, nous montrer autre chose. Nous risquons - enfin - d'apprendre quelque chose.

    Notes

    [1] : Note test de bas de page


    Merci à Fabrice Jimenez, Gaëlle Albertus, Liliane Bonnet et Coralie Marcadier pour avoir relu cet essai.

    Partager